The Shape of Water, 3 Billboards, Battle of the Sexes: Héroïsme et hypocrisie (1000 mots).

Depuis environ un an, peut-être deux, j’ai de plus en plus régulièrement peur de tomber sur le film sexiste, raciste et hétérophobe qui n’aura d’autre message que : les homo, les femmes et les noirs sont les gentils et l’homme blanc hétéro est le méchant.

J’en ai peur un peu parce que je suis un homme blanc hétéro bien sûr et c’est toujours désagréable d’être la cible d’une discrimination violente et directe (même si je commence à en avoir l’habitude depuis 24 ans que ça dure pour d'autres raisons), mais j’en ai peur encore plus parce que j’aime les bons films et qu’il n’y a rien de plus nul qu’un film qui abandonne toute complexité pour une représentation simpliste des êtres humains.

Or, malgré les Deadpool, Thor 3, Get Out, Wonder Woman, Star Wars 7 & 8, Atomic Blonde, Grave, Rogue One, Mission Impossible Rogue Nation, et les nombreux films qui semblent aujourd’hui nous crier aux visages « Tu as vu ! Mes femmes ne sont pas des stéréotypes ! Elles sont fortes ! Tu as vu ! Mes noirs font quelque chose ! Et ils sont positifs ! » d’une manière assez gênante, je cherche toujours le film honteux qui oublierait qu’il parle avant tout d’êtres humains et réduirait tout le monde à des silhouettes en cartons auquel on fait faire n’importe quoi juste pour dire qu’on est progressiste. Ces films épousent les attentes du public actuel certes, mais sans jamais sacrifier la profondeur et la complexité des personnages. Oui, même les pouvoirs de Rey dans Star Wars ne me semblent pas injustifiés, je pense sincèrement qu’une explication viendra dans le dernier volet et que son côté invincible apparaîtra comme un indice d’une réalité qu’on ne connait pas encore.

Toujours est-il qu’en regardant respectivement, Battle of the Sexes, the Shape of Water et Three Billboards, je redoutais à chaque fois ce film qui ne serait qu’une flatterie creuse et complaisante au discours "engagé" populaire du moment.

Or ce qui m’amuse dans ces trois bons films dont le personnage central est une femme, et où il y a des gentils noirs et des gentils homos, et des méchants blancs hétéros, c’est que le personnage central est non seulement négatif, mais représente en plus l’inverse des valeurs pour lesquelles il va être encensé par le public/la critique qui voudra voir en eux un véhicule simpliste de ses valeurs « progressistes. »

Le parcours que suivent Billy Jean King, Mildred Hayes et Eliza Esposito dans leur film respectif expose sous nos yeux lentement et l’air de rien, tous les éléments qui permettent de voir que leurs motivations ne sont pas celles qu’elles semblent être. Billy Jean King n’est pas courageuse. Eliza n’est pas sensible, généreuse ou ouverte aux autres. Mildred Hayes n’est pas motivée par sa soif de justice et n’est pas une redresseuse de torts avec un fort sens moral.  

Billy Jean est lâche. Eliza est égoïste. Mildred est dévorée par la culpabilité à cause des derniers mots qu’elle a dit à sa fille et cherche désespérément une personne sur qui faire retomber cette culpabilité.

Ces trois femmes, en poursuivant leur objectif "glorieux" vont détruire sur leur passage des valeurs qui auraient dû les stopper si elles avaient été honnêtes.

Mildred laisse le nom du Shériff Willborough sur son panneau même après son suicide. Ne parlons pas de la manière dont elle traite le nain. Et encore moins de celle dont elle traite son fils.

Eliza la gentille qui aide l’homme amphibien se moque éperdument du sort de sa collègue noire (probablement lesbienne) qui prend beaucoup de risques pour elle et la soutien constamment au quotidien. Elle se moque aussi totalement de son colocataire homo et seul ami dont elle perdrait l’amitié si la société dans laquelle ils vivent lui avait laissé une place. Il ne reste à ses côtés que parce qu’il n’a personne d’autre. Eliza n'exprime jamais la moindre gratitude vis-à-vis des gens qui l'aident. Enfin, la révélation finale (suggérée) qu'elle aussi est un amphibien ne compromet-elle pas l'idée de base qu'elle s'est intéressée à la créature par sensibilité ? Si si. Si la créature avait été d'une autre espèce, elle n'en aurait rien eu à faire. Sans parler de l'abus sexuel qui m'a bien fait rire. A l'heure où l'on nous vend les féministes comme les combattantes ultimes des agressions sexuelles, du harcèlement/des abus, c'était vraiment hilarant de voir Eliza ne laisser absolument aucun choix à une créature dont la vie est entre ses mains. Elle entre nue dans la salle de bain: pas de caresses préliminaires, pas de premier baiser romantique, aucune progression dans l'approche. Non non, juste: "allez hop, c'est l'heure de me donner ce que je veux mon gars." Mais non... mais non, les femmes ne violent pas ni n'abusent sexuellement, ça n'existe pas. Les femmes s'offrent comme des cadeaux, leur sexualité est essentiellement une douceur, elles ne prennent pas, elles ne peuvent pas abuser sexuellement.

Billy Jean, numéro une mondiale bat un joueur de tennis retraité qui s’est lancé dans le pari en partie à cause d’une addiction au jeu. Elle traite de manière inhumaine son mari et sa petite amie (qui sont des individus bien plus valeureux qu’elle) parce que tout ce qui compte, c’est le tennis. Et au final, elle ne fait jamais ce qui serait un pas réel pour la cause des femmes : avouer son homosexualité. D’abord à sa famille, ensuite au public.

Bref, trois films encensés par de nombreux critiques pour leur personnage principal féminin admirable qui sont en réalité construits comme négatifs et dont le comportement va précisément à l’encontre des valeurs qu’on pense les voir incarner.

Cool.